jeudi 29 mai 2014

A chacun son heur

Bonjour tout le monde, 

je reviens aujourd'hui pour poster une nouvelle assez courte. Une idée à la con j'en conviens, mais ça m'a fait rire quand elle a surgit dans mon crâne.

Bref, j'avais envie de l'écrire pour tromper mes difficultés à avancer sur Croc-Circle. Mais promis je m'y remets au plus vite.

Fred


À chacun son heur



Vivien et Janisse venaient de rentrer dans leur appartement, loué à prix d’or pour une taille modique. Ils revenaient du cinéma où était projeté le dernier film à la mode avec Tom Cruise, une de leurs rares sorties. Bien que travaillant tous les deux, la majorité de leur budget passait dans le loyer et ils préféraient manger correctement plutôt que sortir à tout-va et n’avoir que peu dans leur assiette.

Vivien s’installa sur le canapé et alluma la télévision sous le regard atterré de Janisse qui s’attendait à plus de romantisme.
— Tu te fous de moi ? lança-t-elle en levant les yeux au ciel.
— Attends, juste cinq minutes, ce n’est rien du tout et après je suis tout à toi…
— T’as intérêt d’être à la hauteur.

Elle se rendit dans la salle de bain et en profita pour se refaire une petite "beauté". Alors qu’elle imprégnait sa peau d'une Eau du Soir, Vivien exulta, piaffa, décocha des « ouais » avant de hurler « Jani, viens, vite, dépêche-toi ! » Elle s’exécuta, non pour "obéir", mais plutôt pour s’enquérir de la situation et accessoirement râler sur le vacarme. Quand elle surgit dans le salon, l’écran de la télé se para de noir et sur celui de l’ordinateur une page Internet s’ouvrit.
— Mais que se passe-t-il ?
— Viens, approche-toi, chérie… et regarde.
Elle lut les lettres apparaissant sur l’écran au fur et à mesure que Vivien les saisissait sur le clavier : Euromillion, sans vraiment comprendre et il lui dévoila le ticket qu’il avait acheté le matin même. Les numéros qui émergèrent sur le PC étaient les mêmes que sur le papier.
— Il n’y a qu’un seul gagnant, et c’est nous ! Nous sommes riches, 60 millions d’euros !
— Soi… soixante millions ? Tu, tu me fais marcher ?
Elle s’empara du bon et compara les chiffres inscrits sur les deux sources, chacun trouvait son écho sur l’autre document. Elle découvrit alors ce que son conjoint lui avait annoncé quelques secondes avant, il n’y avait qu’un seul gagnant et c’était eux. Durant tout le temps qu’elle prit pour lire et relire, il ne la quitta pas des yeux et lorsqu’elle se redressa pour signifier sa joie, son enthousiasme, il en fut tout surpris mais se remit dans l’ambiance en sautant tel un cabri. Ils s’enlacèrent, s’embrassèrent tout en sautillant, en position « on s’en fout des voisins ».

N’ayant pas de champagne, ils débouchèrent la meilleure bouteille de vin rouge qu’ils avaient et trinquèrent jusqu’à la dernière goutte, ils n’en revenaient pas. Qu’allaient-ils faire de cette somme astronomique ?
Plus tard, alors que le breuvage officiait et que l’alcool l'étourdissait, Janisse partit se coucher, des étoiles plein les yeux. À regret, Vivien gagna le lit, il aurait pourtant voulu fêter ses gains jusqu'au bout de la nuit. Toutefois, après s’être tourné et retourné, un nombre incalculable de fois, il sortit à nouveau de leur couchette incapable de trouver le sommeil, trop fébrile. Il pianota un long moment sur Internet, puis fouilla dans les placards en quête de bagages et de vêtements, il rejoignit son lit et ses yeux fermés le conduisirent au pays des songes.
À 7 h 45, un réveil sonna emplissant la chambre d’un désagréable tintement voulant imiter une cloche tibétaine.
— Mmmmphhh…. grogna la jeune femme. Pourquoi y'a l'réveil ?
— Hein ? Hein ? Allez debout, on va louper le métro.
— Quel métro ? demanda-t-elle en enfonçant son visage dans l’oreiller.
— Celui-là même qui nous conduira à l’aéroport. Je sais que c’est complètement fou, mais nous partons pour un petit voyage de cinq jours.
— Quoi ? lança-t-elle en se relevant subitement. Mais avec quel argent ?
— J’ai utilisé nos économies vu ce qui nous attend. Allez, allez, on s’active, ma douce, on va bouger au soleil.

Elle s’exécuta, malgré ses réprimandes, elle était follement excitée. Afin de la tranquilliser, Vivien lui expliqua qu’ils décollaient pour l'Italie et que leur ami Antoine, médecin de son état, enverrait un arrêt médical à leur employeur pour trois jours, comme il le lui avait demandé par mail. Bien entendu, il avait beau calmer ses craintes premières, comment pouvait-elle être certaine qu’il n’ait rien oublié de sa garde-robe ? Installée dans l’avion, alors qu’elle commençait à prendre conscience de la part de rêve dans laquelle sa vie pénétrait, elle trouva la réponse : au besoin, s’il lui manquait quelque chose, elle l’achèterait.
Lorsqu'ils atterrirent à Rome, le soleil brillait haut dans le ciel, ils choisirent un taxi devant l’aéroport dans le but de gagner le centre-ville et ainsi profiter au maximum de la capitale italienne.
Durant leur séjour, ils se délectèrent des meilleurs restaurants de la cité antique, dormirent dans les plus beaux hôtels. L’argent ne fait pas le bonheur, mais il contribue infiniment au confort. Ils évoluaient dans un rêve, un peu coupés du monde, ils souhaitaient se sentir libres de leur vie quotidienne, et pour se faire, ils avaient muselé leur téléphone.

Ils revinrent à leur vie parisienne. Comme un symbole, ils rallumèrent leur mobile dans le taxi à moins d’un kilomètre de chez eux. Ils étaient bien, reposés, détendus.
Lorsque le véhicule s’arrêta dans la rue pour les déposer, ils furent estomaqués. Les smartphones une fois reconnectés aux réseaux se mirent à biper dans tous les sens. La façade de leur immeuble était noircie, des scellés empêchaient d’accéder au bâtiment.
Janisse dont la messagerie indiquait une trentaine d’appels en absence de sa mère, décida de la rappeler. Une sonnerie suffit à faire éclater la voix de celle-ci :
— Ma chérie, tu es en vie, Dieu merci. J’étais si inquiète, nous n’avions plus de nouvelles…
— Maman, mais que s’est-il passé ?
— Mais où étiez-vous ? On s’est fait un sang d’encre en apprenant pour l’incendie qui s’est déclenché juste en dessous de chez vous.
— Nous sommes partis quelques jours… Oh mon dieu… Vivien, dis-moi que prévoyant comme tu es, tu as gardé le ticket sur toi ! lança-t-elle en masquant de sa paume son téléphone.
— Bien sûr, il est dans mon carnet de chèques dans ma besace.
Pour prouver ses dires, il ouvrit celle-ci, plongea ses doigts à l'intérieur et, rien. Saisi d'un doute, il fouilla frénétiquement dans son sac, les mains tremblantes, il l'avait, il en était certain. Il se revoyait ranger convenablement son ticket dans son carnet puis le mettre dans la sacoche avant de se coucher. « Oh non ! » Il se remémora aussi que lorsqu'il fit les bagages, il s'était dit qu'il ne servait à rien de s'encombrer de chèques, puisqu'ils ne seraient pas acceptés à l'étranger. Par conséquent, il l'avait placé dans le tiroir du bureau. 

Vivien secoua la tête et posa un regard embué sur le cinquième étage de leur bâtiment. 
Janisse hurla « Comment peut-on être aussi con ? » tout en lâchant le téléphone qui rebondit sur le trottoir.
Ils n’avaient donc plus aucune preuve qu’ils étaient les heureux euro-millionnaires… Pis encore, leur petite escapade avait dilapidé une bonne partie de leurs maigres économies…



1 commentaire:

  1. Vraiment dommage pour eux !
    j'aime beaucoup ton style en tout cas !

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