Antre 2 Toi
1er décembre 2010
Tu marches et personne ne te voit, ou peut-être est-ce l'inverse ?
Tout est mécanique, désarticulation sommaire. Tes gestes sont lourds, dénudés,
sans passion.
S'il fallait abattre quelqu'un là, à cet instant, ce serait Toi. Principe de
précaution à la con. Mais tu ne le calcules même pas. Tu t'en fous royal, comme
t'aimes à le dire.
Et pourtant, tu trembles, tu as peur, pas de ce qui t'entoure, mais de ce qu'il
y a à l'intérieur de toi et, tu projettes cette peur sur le monde. Tu te
barricades, t'inventes un monde rien qu'à toi, où Toi, tu n'es pas toi.
Tu te donnes les traits de quelqu'un de normal, une façade que les autres
aiment. S'ils savaient qu'en toi c'est l'anarchie, que tout fou l’camp, ils ne
t'approcheraient même pas ; mettraient leurs doigts en croix pour te repousser,
tel un démon... Tu rigoles de ça, te l'approprie, ça te donne une contenance,
quelque chose qui te remplit. Mais en vérité, tu en as peur, honte. T'aimerais
te planquer de Toi, sous les draps... et il n'y aura personne pour t'y
retrouver. Alors, tu changes d'idée, gardes le drap et l'enfiles sur le miroir.
Mais ça ne suffit pas. Le reflet est caché, mais ça ne te cache pas des
autres...
alors oui, tu remets ton habit, tu te déguises en pas Toi, et quand ça ne suffira plus... que vas-tu inventer d'autre pour camoufler la vérité de ce que
tu es... ?
L'ile déserte ? Mauvaise idée, tu t'y ferais chier, les mondes où tu te
planques ne pourraient exister sans elle... Elle, la fée électrique...
électricité..; associée à une chaise, pourquoi
pas ?
Non ça ne va pas non plus, tu ne veux pas mourir, juste souffrir… parce que
tu crois encore et reste persuadé que si tu souffres tu restes en vie.
…
La souffrance… tu t’y connectes, te relies à d’autres qui te correspondent, qui
mettent eux aussi des mots sur la douleur, mais pas forcément la leur… Tu
arrives à distinguer ceux qui revêtent juste ce costume de poète maudit, ‘souffrotant’ ;
car le mal qu’ils expriment n’est pas empreint de la tonalité vraie. Toutefois,
ça te fait du bien de les lire, de comprendre les origines de leur mal-être…
non par voyeurisme, tu as envie de les aider, simplement ça… te donner un but…
Et puis tu passes à d’autres, mais jamais ne te fixes. Incapacité à te lier
vraiment… la peur, encore elle, qui te ronge… Ce lier d’amitié ou d’amour, dans
les deux cas il y a ‘lier’ et ça signifie qu’il y a attache,
‘emprisonnement ’… et ça, tu ne le peux pas, tu veux être libre… mais ta
pseudo envie de liberté, entend également des chaînes, tu t’es emmuré dedans.
Prisonnier de tes idées et tu ne le sais pas.
Tu
n’as aucune idée de comment changer… Est-ce possible de changer en
profondeur ? Tu ne penses pas, tu sais juste que ce que tu es aujourd’hui,
est la conséquence, la construction, de tout ce que tu as vécu. Tu n’es pas un
hasard… mais tu n’aimes pas. Tu continueras de chercher une solution, elle
apparaîtra sans doute un jour…
Tu
regardes le porte-manteau, reprends le masque pendu, et revêts cet habit de pas
Toi… tu resteras Ombre encore aujourd’hui.
Antre 2 Toi : 2ème partie
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